L’interview TDA/H !

 


ÉPISODE 2 :

Avoir un diagnostic de TDA/H à l’âge adulte : qu’est-ce que ça change ?


 

Nous vous présentons le deuxième épisode de notre série de témoignages sur le TDA/H. Nous nous intéressons ici à ce que le diagnostic du TDAH à l’âge adulte a changé dans la vie de ceux qui en ont fait l’expérience.
 

SOMMAIRE :

 

Bonne lecture !
 

QUESTION : Est-ce que le diagnostic de TDA/H a changé des choses dans votre vie ?

 
Marie, 26 ans :

“ Dans ma vie, j’ai souvent eu l’impression d’être différente des autres, d’avoir des raisonnements décalés, une façon atypique de voir le monde. Je ne comprenais pas ce décalage et, même si d’apparence j’avais plutôt bien réussi mon entrée dans la vie adulte, il y avait toujours en moi une tension interne.

 

Comprendre que ce décalage avait une explication et que finalement, ce n’était pas bien grave d’être ainsi, fut un grand soulagement !

 

Cela m’a permis d’avoir une meilleure lecture de ma vie et de ma personnalité, de mieux me comprendre et d’accepter mon fonctionnement. En rencontrant des gens “comme moi” je me rends compte que le TDA/H forge souvent des personnalité très sympathiques et surprenantes.

 

Et puis avec du recul, je réalise que mon entourage est déjà constitué de beaucoup de personnes atypiques d’une façon ou d’une autre… je crois qu’inconsciemment on s’attire ! ”

Virginie, 47 ans :
 

 » Je me suis enfin découverte et je sais que je ne suis pas hystérique! Mais juste TDAH, rires…avec tout ce que cela comporte et implique…
Mon mari a tout de suite su que j’étais différente quand on s’est connu et il me l’a toujours dit!
Je sais aujourd’hui pourquoi je fonctionne différemment des autres, pourquoi j’ai mille idées à la fois qui s’entrechoquent dans ma tête, pourquoi j’avais autant de projets que je commençais mais que je n’arrivais pas à mener à bien, pourquoi je suis passionnée par plusieurs domaines, multi potentiels, hyperémotive, hyperactive, impulsive, hors cadre, ce qui m’a porté préjudice à plusieurs reprises, notamment avec le système scolaire en tant que maman d’enfants atypiques et j’en passe…

Grâce au diagnostic du TDAH, j’ai réussi à me valoriser en quelque sorte et à mobiliser des ressources en moi pour me pencher sur certaines thérapies comme la sophrologie et la TCC, la pleine conscience aussi, je me suis formée un peu et j’ai décidé de créer une association pour accompagner les familles d’enfants atypiques ainsi que les adultes atypiques.
Aujourd’hui, je me cadre et reste sur un projet, mon association et j’avance avec l’envie de me professionnaliser!
Même si les choses ne vont pas assez vite pour moi!

 

minions

 

 

Jean, 39 ans :

“Le diagnostic a confirmé une différence fondamentale, un décalage profond que j’ai toujours senti par rapport à la majorité de mon entourage et des gens en général.

 

Les conséquences de cette différence m’ont fait parcourir plusieurs psychologues, psychiatres, sophrologues, j’en passe et des meilleurs, pendant une quinzaine d’années, avec pour diagnostics, bipolarité, dépression, anxiété générale…

 

Le diagnostic TDAH, lequel collait à 3000% avec ma personnalité, m’a permis de commencer à accepter ce réel décalage, qui je suis et ne suis pas, me fier à ce que je ressens et commencer à arrêter de me forcer à coller au moule, chose dans laquelle je n’ai jamais été à l’aise de toute façon… Commencer à me faire confiance.”

 

François, 28 ans :

Aucun changement fondamental en soi, j’ai depuis tout petit déjà accepté d’être différent, j’en ai fait un trait de caractère, je me disais “original”. Il est quand même plus simple d’expliquer à l’entourage ce que c’est. Et je pense avoir encore beaucoup de chemin avant de me retrouver vraiment dans un diagnostic.”

idée

Julie, 25 ans :

“Le fait de savoir ce qui clochait chez moi a bien évidemment changé de nombreuses choses. Le fait d’informer mes parents, et certains de mes amis proches, ont permis une plus grande tolérance sur certaines choses qui passaient souvent pour de la fainéantise auparavant.

 

J’ai également commencé un traitement lors de ma dernière année d’études. J’ai pu constater l’ampleur des difficultés que j’ai rencontrées durant toute ma scolarité, à tel point qu’il me semble difficile de travailler sans cette béquille.

 

De plus, le diagnostic m’a permis de faire une demande de RQTH (Reconnaissance en Qualité de Travailleur Handicapé) afin d’avoir une reconnaissance et des aménagements dans le milieu professionnel.”

 

Géraldine, 37 ans :

“Le diagnostic a été une sorte de soulagement et de sentence à la fois.

Premièrement  : Soulagée d’avoir enfin “trouvé” ! c’est donc CA !

 

Trouve ce qui clochait…qui me rendait -à certains égards -la vie difficile, qui expliquait ma grande sensibilité, ma différence, mon instabilité professionnelle, mes 1000 idées à la fois m’amenant souvent à la dispersion, mes 2 reprises d’études, mes problèmes d’organisation, de procrastination, pourquoi je me lançais dans beaucoup de projets que j’arrêtais en cours de route, certaines conduites à risque, le lien entre mon impulsivité et mon rapport à la nourriture, aux achats, ma difficulté à gérer un budget ou encore mon aversion pour les règles et l’administratif.

 

Hyperactivité qui expliquait que mes soucis de mémoire n’étaient pas liés à un Alzheimer précoce mais à des problèmes d’attention et de mémoire à court terme avérés et ça, ce fut un soulagement.

 

Ce qui a changé ,c’est que maintenant je sais POURQUOI je suis comme je suis, cela permet de m’appliquer à un peu plus de bienveillance envers moi-même et d’éviter de continuer à penser que suis “un boulet” à chaque occasion.

 

Idem du côté de l’entourage qui comprend enfin le décalage entre le potentiel et les réalisations, les X changements de job, secteurs et régions, les fluctuations d’humeurs, le côté borderline de ma personnalité parfois, pourquoi je prends tout à cœur, trop à cœur.

 

Enfin, il y a eu une phase de sidération à accepter le diagnostic tardif, découvrir qui l’on est vraiment à presque 36 ans avec des casseroles derrière soi, donne la sensation que la vie aurait été plus simple si l’on avait su avant….”

 

Nous vous invitons à poursuivre votre lecture avec la troisième partie de notre interview, publiée ici : TDA/H: Des adultes témoignent. Épisode 3. Vous y lirez des témoignages sur l’impact, positif et négatif,  qu’a eu le TDA/H dans la vie des personnes diagnostiquées à l’âge adulte.